La chronique de Marc Dugain : moulins à vent

Détruire les paysages en prétendant sauver l’environnement, c’est un peu comme si le vaccin contre le Covid avait pour objectif de répandre le virus

(© Illustration Kim Roselier)

Les Echos – Par Marc Dugain – Publié le 27 août 2021 à 6:04

Je me faisais une joie de ma première escapade en France depuis le début de la crise sanitaire, et de retrouver la sublime diversité des paysages français. J’ai dû malheureusement déchanter, confronté à la détérioration progressive de ces paysages par une politique énergétique visant à transformer des collines ancestrales en champs d’éoliennes, résultat d’une escrologie subtile qui vise à faire croire que cette énergie renouvelable va nous sauver du réchauffement climatique. On a connu le scandale de la taxe carbone, largement étouffé, mais qui a coûté plusieurs milliards au contribuable. Les éoliennes en sont un autre. Détruire les paysages en prétendant sauver l’environnement, c’est un peu comme si le vaccin contre le Covid avait pour objectif de répandre le virus.

Modèle financier douteux

L’idée de ces moulins grotesques vient d’Allemagne qui en est le principal promoteur chez nous. Les Allemands ont voulu arrêter le nucléaire et le remplacer par l’éolien. Résultat, leurs centrales thermiques tournent à fond pour compenser leur déficit énergétique et leur taux d’émission de CO2 est deux fois et demie le nôtre. Et les Allemands commencent à regretter ces immenses pâles qui tournent en permanence au-dessus de leurs têtes. Une éolienne, c’est une masse de métal, un socle énorme en béton et des huiles nocives pour une exploitation de dix-huit ans qui va laisser de drôles de carcasses sur le territoire dont personne ne voudra vu les coûts de démontage. Et tout cela basé sur un modèle financier douteux qui repose sur l’incompétence de certaines communes, la perspective de gains à court terme de particuliers ou agriculteurs qui touchent 8.000 euros par an par éolienne posée sur leurs prés, le tout appuyé par des fonctionnaires zélés comme dans l’Yonne ou dans le projet immonde de la baie de Saint-Brieuc.

Esprit de résistance

Là où je me trouve, dans le Jura, l’esprit de résistance a prévalu. Les moulins à vent devaient être implantés sur une crête. Pour y accéder, il fallait détruire une forêt, habitat privilégié du coq de bruyère, afin de rejoindre une esplanade qui se trouve en fait avoir été un haut lieu du martyr de la résistance jurassienne. Les descendants de ces résistants se sont mobilisés pour faire corps contre cette défiguration et à ce jour ils tiennent toujours la position. Faire payer à des paysages qui sont notre patrimoine commun un faire-semblant écologique allié à notre retard à produire et à consommer vert, c’est une incapacité notoire de la puissance publique dans sa mission essentielle à se projeter dans l’avenir hors d’un prisme idéologique ou simplement de fausses croyances dont les éoliennes sont une des plus flagrantes manifestations. On ne connaît pas un président de la République qui ait fini un mandat en aimant les Français même si certains le faisaient croire. Mais on ne peut pas s’exonérer d’aimer la France, sauf à considérer comme Trump que le mieux pour éviter les incendies c’est de raser les forêts ou pire encore de rester complètement passif en se disant qu’après tout « autant en emporte le vent ».

Marc Dugain

Vous pouvez retrouver cet article via le lien suivant : https://www.lesechos.fr/weekend/business-story/la-chronique-de-marc-dugain-moulins-a-vent-1341308

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