La LPO présente son étude ornithologique sur la nidification des rapaces protégés sur la commune de Cézens (Cantal)

La Montagne – Publié le 26/11/2021 à 07h44

Mathis Vérité Chargé de mission à la LPO
Mathis Vérité, chargé de mission à la LPO, a présenté les premiers résultats d’une étude détaillée sur la nidification des rapaces protégés sur la commune de Cézens. © Agence SAINT FLOUR

Toujours présenté comme « un argument de poids » contre le projet éolien de Cézens par le maire de la commune et l’association de sauvegarde des Monts du Cantal, la présence en forte densité des milans royaux a été confirmée par la LPO. 

« Il y a une énorme présence de milans royaux sur le site ». Le président de l’association de sauvegarde des Monts du Cantal, Ludovic Lafont, l’avait annoncé, lors de la mobilisation massive d’élus, habitants et militants le 24 octobre dernier contre le projet éolien de Cézens. La LPO l’a confirmé dans sa restitution des premiers résultats d’une étude in situ, réalisée à la demande de Saint-Flour communauté qui l’a aussi financée, qui a toujours affirmé haut et fort, dans un souci de cohérence territoriale, sa volonté de « ne pas subir les éoliennes, mais de les choisir ».

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Une grosse densité

Vendredi soir, Mathis Vérité, chargé de mission à la LPO sur le site de Chalinargues, n’a en effet pas démenti ce que pressentaient et arguaient depuis longtemps les membres de l’association, farouchement opposés à l’implantation de six éoliennes sur la commune de Cézens par la société Boralex. Mais si son rapport, pas encore totalement achevé, apporte à l’évidence de l’eau au moulin des opposants au projet, il rappelait « qu’il n’était pas là pour donner un avis mais bien pour rendre des conclusions ».

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Et elles semblent imparables et sans appel. Dans la liste rouge des espèces menacées en Europe, si le milan royal y figure comme « quasi menacé », il l’est plus encore en France et en Auvergne, où il est considéré comme « vulnérable », avec l’une de ses plus grosses populations observées sur la Planèze. « Un secteur que l’on connaît bien et que l’on suit, mais nous n’avions aucune donnée de nids avérés sur Cézens. On savait que l’espèce y nichait », explique Mathis Vérité qui, depuis mars, mène ainsi une enquête très détaillée à partir de points d’observation fixes, sur la commune et plus particulièrement sur les 12 km2 d’emprise qu’occuperaient les « futures » éoliennes. De la phase de reproduction des oiseaux jusqu’à celle de dispersion, en passant par la période de ponte, la période d’incubation, l’éclosion, l’élevage des jeunes, leurs premiers vols, leur émancipation puis la migration, le chargé de mission de la LPO a tout étudié, analysé et inventorié.
Reste la phase d’hivernage des milans royaux (de novembre à janvier), qui fera l’objet de la dernière partie de son étude avant de la rendre dans son entièreté, dont la synthèse ne devrait toutefois pas le surprendre. Car des données nationales ont déjà établi que le plus grand effectif de milans royaux en hivernage en France se trouve dans le département du Cantal, notamment, là encore, sur la Planèze.

7 couples de milans royaux sur 12 km2

La densité de ces grands rapaces diurnes qu’a répertorié Mathis Vérité s’approche des valeurs records observées en France, sur la Planèze, avec la présence avérée de 7 couples de milans royaux sur les 12 km2 ciblés. Mais pas que?! Il a aussi découvert que d’autres rapaces nicheurs avaient élu domicile dans ce périmètre, comme la buse variable au nombre de 3 couples, le milan noir, « proche du milan royal mais moins menacé » (3 couples), et plus surprenant selon lui un couple d’aigle botté « classé en danger sur la liste rouge ». « C’est remarquable en termes de densité », confiait Mathis Vérité qui a aussi été « frappé par la grosse pullulation de campagnols terrestres », constituant une ressource alimentaire importante des milans royaux.

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À l’issue de cette présentation, le maire de Cézens, Philippe De Laroche, s’avouait « impressionné » par cette étude de la LPO et reste « persuadé qu’elle va être un levier important pour que le projet n’aboutisse pas », affirmant que « pour tous les arrêtés qui ont mis fin à des projets éoliens dans le Cantal, la présence d’espèces protégées a été un argument ».

Une synthèse qu’a aussi saluée une membre de l’association Vent des Planèzes de Trizac, présente vendredi soir, tout en regrettant que « Trizac, où nous avons les mêmes problématiques mais avec un projet de 12 éoliennes, n’ait, elle, pas été soutenue par la LPO qui n’a pas répondu à nos appels pour faire une étude ». 

Isabelle Barnérias

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