Les 500 millions d’amende sur les énergies renouvelables pour la France sont la conséquence des politiques qui acceptent les directives UE «Paquet Climat-Energie» depuis 2009.
Lors d’un colloque organisé par le lobby financier des EnR en septembre 2022, auquel participait Mme Pannier–Runacher, ministre de l’énergie, cette dernière a indiqué que la France était en retard sur les objectifs européens pour 2020, et que nous devrions débourser 500 millions d’amende sur les énergies renouvelables.
Le Monde de l’Energie – Publié le 19.12.2022 par Michel Faure
Une tribune cosignée Michel Faure et Jean-Louis Butré, respectivement administrateur et président de la Fédération Environnement Durable (FED).
A l’heure où le gouvernement cherche à faire passer une loi d’exception pour accélérer le déploiement d’énergies intermittentes « dites renouvelables » sur notre territoire au détriment de notre souveraineté nationale, de l’intérêt des consommateurs et au prix d’une forte régression environnementale, cette déclaration, reprise en boucle par la presse, tombe comme par hasard à point nommé.
Cette menace d’amende scandaleuse est simplement la conséquence de la politique absurde que nos gouvernants successifs ont acceptée au niveau européen, à l’occasion des négociations à Bruxelles sur la directive européenne « Paquet Climat- Energie » en 2009-2014 puis en 2020.
Les représentants français, sous l’influence de l’Allemagne et de la Commission européenne, a houlette allemande, se sont fait rouler en s’engageant sur un taux d’équipements en énergie renouvelable intermittente, c’est à dire des éoliennes et des panneaux solaires, et non sur des mesures d’économie de CO2 pour lutter contre le réchauffement climatique.
Le retard Français, de quoi parle-t-on ?
Lutter pour la réduction de la consommation d’énergies fossiles est un objectif qui doit faire consensus, au niveau national ou européen.
Mais en retraduisant cet objectif par un objectif de taux d’utilisation d’énergies renouvelables (qui sont intermittentes et non pilotables) d’une part, et en voulant en faire un objectif commun à tous les Etats-Membres d’autre part, la Commission Européenne s’est lourdement et probablement volontairement trompée :
- Elle cible uniquement le secteur de l’électricité ; c’est une première erreur parce que ce n’est pas – et de loin – le secteur le plus consommateur d’énergies fossiles.
- Et surtout, l’Europe oublie que le seul indicateur avancé qui devrait compter pour la lutte contre le réchauffement climatique, est le taux d’émission de CO² effectif de chacun de ses Etats membres.
En confondant à dessein « taux d’équipement en énergies renouvelables » et « émission de CO2 », la Commission se trompe depuis plus de 20 ans et avec elle, tous ses Etats-membres. L’exemple de l’Allemagne qui a largement inspiré cette démarche à l’aune de sa politique désastreuse de transition énergétique, est caricatural.
En Allemagne, le taux d’EnR dans le mix électrique est passé de 29,4% en 2015 à 40,9% en 2021.
Malgré tous les efforts de notre voisin, le taux d’émission moyen annuel de la production d’électricité représente près de 10 fois le taux d’émission français :
- Le taux d’émission allemand baisse continument de 2015 à 2020 à cause de la substitution massive de charbon par du gaz russe.
- En 2021, la météo (vent et ensoleillement) a été médiocre, le taux d’émission a remonté.
- En 2022, il continue de remonter à cause de l’arrêt progressif des livraisons de gaz russe et du retour au charbon et au lignite.
En termes d’émission de CO2, la France était et reste la plus vertueuse de tous ses voisins (Allemagne, Espagne, Belgique, Italie…), avec lesquels elle échange de l’électricité et, malgré cela, nos représentants à Bruxelles ont accepté, au cours des négociations, que les Etats membres n’aient pas à répondre de leurs émissions réelles de CO² mais se sont stupidement engagés sur un taux d’équipement en production d’énergies renouvelables.
La ministre Mme Pannier–Runacher nous explique maintenant benoîtement qu’il faudra acheter à prix d’or des certificats verts à l’Italie. Elle se moque du monde ! L’Italie émet entre 460 kg eq CO²/MWh (Italie du nord) et 565 kg eq CO²/MWh (Italie du Sud) …
L’absurdie jusqu’à quand ?
Ø Pourra-t-on enfin compter sur des gouvernants à la hauteur pour négocier âprement la réévaluation de ces objectifs suicidaires (qui avaient été pris quand la Russie était le meilleur allié de l’Allemagne), et parler réellement de la lutte contre le réchauffement climatique ?
Ø Est-ce que qu’ils vont enfin arriver à convaincre nos partenaires que l’énergie nucléaire est vertueuse pour le climat et qu’à ce moment la France deviendrait un de état membre exemplaire pour lutter contre le réchauffement climatique ?
Ø Ou faudra-t-il attendre le résultat du procès dans lequel se sont lancées quatre associations européennes face à la Commission Européenne, devant le Cour de Justice de l’Union Européenne (CJUE) pour faire reconnaître enfin que les énergies renouvelables intermittentes, si elles trouvent le palliatif de leur intermittence par des énergies fossiles, ne peuvent pas être considérées comme durables, et que l’éolien soit rayé de la taxonomie verte et ne profite plus des fonds d’investissement verts ou de subventions indues ?
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