retrait de l’éolien en Auvergne-Rhône-Alpes
Le Figaro – Publié par Antoine Sillières le 08/03/2024
«L’écologie doit s’articuler avec le beau et j’ai du mal à penser que le développement durable doit nous condamner à dégrader les paysages», a pu redire le président de région. JEFF PACHOUD / AFP
Total retrait de l’éolien en Auvergne-Rhône-Alpes
Le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes a annoncé un investissement de 12 millions d’euros dans le fonds Oser pour développer les énergies renouvelables, à l’exception de l’éolien.
«Un retrait total». Laurent Wauquiez (LR) a annoncé ce vendredi le désengagement de la région Auvergne-Rhône-Alpes qu’il préside de tout projet éolien. Présentant un investissement de 12 millions d’euros de sa collectivité en faveur des énergies décarbonées, il a expliqué vouloir développer très fortement l’installation de panneaux photovoltaïques sur ce territoire.
«Notre ambition est de faire d’Auvergne-Rhône-Alpes la première région européenne en matière d’énergie décarbonée en nous appuyant sur une situation déjà exemplaire pour construire le réseau de demain, afin de bénéficier d’une électricité pas trop chère et meilleure pour l’environnement», a déclaré le président de la collectivité qui bénéficie d’importantes installations hydroélectriques alpines. Après l’hydrogène, dont il s’est fait un fervent promoteur, Laurent Wauquiez souhaite donc «développer massivement» le photovoltaïque.
Pour cela, la région va recapitaliser le fonds Oser, du nom de ce partenariat public-privé entre le conseil régional, la Banque des territoires et d’autres acteurs privés, destiné à soutenir le développement des énergies renouvelables. Un investissement à hauteur de 12 millions, pour un fonds capitalisé aujourd’hui à 20 millions.
Je ne veux pas d’éolien
Des euros destinés à faire des petits puisque, le fonds va doubler la mise et que «l’effet des leviers des partenaires permet de multiplier par 10 l’investissement public initial», selon la Région. Pour atteindre 6,5 gigawatts de production en 2030 – «soit la consommation d’un million d’habitants», vante Laurent Wauquiez – et 13 gigawatts d’ici 2050, contre 2,2 aujourd’hui.
Avec une contrepartie ferme demandée au fonds Oser, celle d’arrêter tout projet éolien, alors qu’il en a soutenu quatre ces dernières années. Il s’est d’ailleurs récemment retiré de celui qui devait voir le jour dans le val de Drôme, comme l’a documenté Médiacités .
«Je ne veux pas d’éolien, a martelé le président de région qui dit depuis des années son opposition à cette production. C’est un contresens écologique dans une région comme la nôtre qui est une région de montagne, avec un impact sur les paysages et la biodiversité. Sans compter l’artificialisation des sols par les cuves en béton qu’elles induisent».
Opposer écologie punitive et écologie positive
Laurent Wauquiez promet que les panneaux photovoltaïques régionaux n’artificialiseront pas de terres agricoles mais viendront s’y arrimer, en ombrières pour l’arboriculture ou le pastoralisme par exemple. Surtout Thierry Kovacs (LR), son vice-président en charge de l’écologie positive, veut développer les panneaux sur les toits des bâtiments publics. «Nous voulons solariser 300 lycées et 600.000 logements sociaux, gage-t-il. Dans la communauté de communes que je préside à Vienne (Isère), nous avons été le premier office HLM à avoir mis à disposition l’intégralité de nos toitures et nos 6000 logements produisent l’électricité pour 6500 logements».
Ce développement du solaire s’accompagnera de petits projets de centrales hydrauliques, de méthanisation voire de géothermie assure l’exécutif. Tout sauf l’éolien donc. «L’écologie doit s’articuler avec le beau et j’ai du mal à penser que le développement durable doit nous condamner à dégrader les paysages», a pu redire le président de région. L’occasion pour Laurent Wauquiez de vilipender sans les nommer ses opposants écologistes, qui, à Lyon pourtant, développent aussi le solaire en toiture. Et d’opposer «écologie punitive» et «écologie positive». «Nous ne voulons pas une écologie d’interdiction mais d’innovation», a répété Thierry Kovacs.
S’il a un temps accepté certains projets, en bordure d’autoroute par exemple, le président de région a encore rappelé que sa collectivité s’oppose désormais à tous les projets éoliens sur son territoire, même ceux conduits par d’autres collectivités, en soutenant les recours à leur encontre.
3 Commentaires
Tardive, mais sage décision qui devrait être prise en exemple…
Enfin des paroles positives pour notre région. Merci beaucoup Monsieur Wauquier ainsi qu’à tous vos collaborateurs.
Enfin un élu intelligent.