Éoliennes, la majorité persiste, les députés ont planché cette semaine sur le « Projet de loi relatif à l’accélération de la production d’énergies renouvelables ». Afin de doper l’installation de ces moyens alternatifs pour produire de l’énergie, la majorité a maintenu son cap malgré les réticences de l’opposition. En bref, dans un contexte de pénurie d’électricité, l’Assemblée nationale marche à fond dans ce qui ne marche pas. « L’année dernière, on a eu une augmentation de la puissance éolienne de 7 % en France et, pour autant, on a eu une baisse de productivité globale de 7 %. Par un incroyable mécanisme, plus on augmente la puissance éolienne, moins on produit », s’indigne Fabien Bouglé qui ne décolère pas. Ironiquement, la figure du mouvement anti-éolien finirait presque par ressembler aux objets qu’il combat : agiter les bras en pure perte. Car, loin de suivre ses conseils avisés, la représentation nationale persiste et signe dans un déni absolu d’efficacité.
Non content d’adopter un principe juridique de « raison impérative d’intérêt public majeur »( recalé en commission, rattrapé dans l’hémicycle), la majorité a également dopé la construction d’éolien offshore dont la présence détruit le patrimoine maritime et panoramique de notre territoire. « Ce principe permet de passer outre toute considération de protection de la bio-diversité, en bref de sécuriser les promoteurs éoliens », regrette Pierre Meurin. Le député RN du Gard, en pointe sur les questions de développement durable, plaide quant à lui pour une transition responsable. « Nous devons impérativement lancer un plan massif d’entretien et de construction de notre parc nucléaire, cela afin de nous donner le temps et les moyens de trouver un système alternatif », plaide l’élu. Et de poursuivre : «Hydro-électricité, géothermie, hydrogène… ce sont autant de pistes que nous laissons de coté pour un système éolien qui ne fonctionne pas ».
Le spectre du modèle allemand
Un mix charbon-éolienne ? C’est le modèle de l’Allemagne et il ne l’assure nullement d’une souveraineté énergétique pour un bilan carbone désastreux. Or la France en prend le chemin alors que, grâce au nucléaire, elle était la championne européenne de l’énergie décarbonnée. « On veut prendre l’exemple allemand alors que l’Allemagne est le moins bon élève de l’Union européenne en matière de décarbonation. C’est paradoxal, et les députés de la majorité et de la gauche sont complètement embrumés par une idéologie et un discours. Ils ne regardent plus les faits indiscutables. On est dans un déni de réalité complet », réagit Fabien Bouglé. Pour autant, l’éolien fonctionne un peu… lorsqu’il y a du vent ! Quasiment absent ces derniers jours, la faute à un anticyclone persistant sur le pays, le vent s’est enfin levé ce lundi à la mi-journée, propulsant la production éolienne à 5,5 GW à 19 heures. Le pic aura été atteint à minuit, ou le parc a produit 7 GW, sur 19 GW installés nous apprend Europe 1. Cocorico ? Pas tant que cela. Car passer de la souveraineté à la soumission aux éléments nous renvoie à la période préindustrielle. Voire aux danseurs de la pluie.
Énième perte de souveraineté
« Nous n’avons jamais été souverains en matière d’énergie. » Le ministre Agnès Pannier-Runacher est formel : la France n’a pas décliné sur le sujet. Faux, rétorque Fabien Bouglé : « Si on prend le mix électrique, nous étions totalement souverains car nous produisions 10 % de plus que ce que nous consommions. Comme nous exportions de l’électricité, cela nous permettait de financer et compenser nos besoins en énergie fossile que nous devions importer. »
Boulevard Voltaire – Marc Eynaud Publié le 15 décembre 2022
Vous avez un avis ?