Des pénuries d’électricité menacent la France l’hiver prochain. Mac Lesggy explique pourtant que ce n’est pas dû au retard pris par l’Hexagone en matière d’énergies renouvelables.
Mac Lesggy – édité par Julien Doucet publié le 04/09/2022 à 09:45 – mis à jour le 04/09/2022 à 10:28
Grande question en ce moment, aurons-nous assez d’électricité cet hiver s’il fait froid ? Tout le monde s’affole, on critique l’exécutif qui n’a pas anticipé la demande, pas assez investi, ou demandé à EDF d’investir dans de nouveaux moyens de production.
La France a fait des lois pour cela et en effet nous avons investi 120 milliards d’euros en éoliennes et parcs photovoltaïques, mais ces investissements ne nous seront d’aucun secours pour nous prémunir d’une panne géante l’hiver prochain, et ce matin, je vais vous expliquer pourquoi. Le vent fait tourner une hélice qui alimente une grosse dynamo et donc quand il n’y a pas de vent, ça ne produit pas d’électricité.
Pour les panneaux solaires, les rayons du soleil arrachent des électrons à un matériau semi-conducteur, d’où une différence de potentiel entre les 2 faces du matériau, ce qui crée instantanément un courant électrique, et le phénomène s’arrête immédiatement quand il n’y a plus de soleil, par exemple, la nuit ! Et maintenant que se passe-t-il en hiver, quand une vague de froid s’installe sur la France. Là on ne parle plus d’électricité, mais de météo !
Il fait froid car un anticyclone venu du Nord ou de l’Est s’installe et bloque l’arrivée des dépressions depuis l’Atlantique. On a un air froid, sec et surtout une absence totale de vent. Donc les éoliennes ne produisent rien ou presque. Durant la dernière vague de froid de janvier dernier, du 24 au 27, nos 7.000 éoliennes n’ont fourni que 1 à 2% de l’électricité dont la France avait besoin.
Pour les centrales photovoltaïques, c’est un peu mieux, mais en hiver les jours sont courts et le soleil est rasant, ce qui limite leur efficacité : elles ont produit, quelques heures en milieu de journée jusqu’à 7% de nos besoins en électricité. Mais cette production n’a eu lieu, ni la nuit bien sûr, ni le matin ou dans la soirée, quand la France a particulièrement besoin d’électricité. C’est-à-dire quand on s’éclaire, que l’on cuisine ou que l’on allume ou rallume le chauffage à la maison. Cela veut dire que si on veut éviter que le système ne disjoncte, nous devons avoir un appareil de production capable de fournir à ce moment-là, de manière certaine, 100% de la puissance électrique nécessaire, même si solaire et éolien sont à zéro.
Quelles sont les solutions ?
Nos barrages de montagne, pour peu qu’il pleuve cet hiver pour les remplir, nos centrales à gaz et à charbon que l’on ne veut pas rallumer parce que cela envoie des tonnes de CO2 dans l’atmosphère et bien sûr nos centrales nucléaires. C’est parce que certaines d’entre elles sont en arrêt prolongé pour cause de problèmes de corrosion sur des circuits de secours que nous risquons le black-out.
Certains disent encore que le problème viendrait du retard que nous aurions en matière de déploiement des énergies renouvelables ! Mais, vous comprenez que nous pourrions avoir 2 ou 3 fois ou 5 fois plus d’éolien et de solaire, le problème resterait exactement le même !
L’électricité est pourtant déjà stockée ! Pas dans des batteries, il faudrait des volumes incroyables, mais en remplissant des barrages réversibles, à l’aide d’énormes pompes, quand on produit de l’électricité en trop, mais leur capacité en France est limitée. La totalité de ces barrages remplis, c’est seulement 5 GW de puissance, soit 7% de notre consommation par temps froid. C’est l’équivalent d’une toute petite batterie d’appoint.
La solution à court terme c’est que les ingénieurs et techniciens remettent en route les réacteurs dont nous aurons besoin avant les grands froids, et surtout que l’hiver prochain ne soit pas trop froid ! Sinon il faudra ressortir les bougies.
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