STOP EOLE donne son avis sur le SRADDET
Sollicité par la DREAL Auvergne Rhône Alpes pour mettre à jour le Schéma Régional de Développement Durable et d’Egalité des Territoires (SRADDET), l’association STOP EOLE a remis son avis 15 décembre 2021.
Nous pensons utile de vous communiquer ici les précisions transmises par l’ancienne présidente de STOP EOLE, Mme Elisabeth PANTHOU-RENARD, dans son courrier du 30/09/2019, ainsi que les observations complémentaires de son remplaçant, M. Gérard GOURMAUD.
La présente contribution de notre association environnementale à l’enquête publique sur le projet de mise à jour du Schéma Régional d’Aménagement, de Développement Durable et d’Egalité des Territoires (SRADDET) pour la région Auvergne Rhône-Alpes (AURA) s’exerce dans le cadre de son droit d’alerte face au risque de régression de l’environnement régional montagnard et forestier auvergnat résultant de la déréglementation du droit éolien. Notre contribution s’articule des axes suivants :
- Le caractère disproportionné par rapport aux caractéristiques de la région AURA et aux objectifs nationaux de développement de l’éolien en région
- L’absence de planification cohérente contrairement aux exigences européennes,
- L’absence de rappel des intérêts environnementaux protégés et de préconisation de normes environnementales en découlant,
- L’absence de caractère prescriptif du schéma, contrairement à la loi, pour faire respecter ces règles
- Le rappel de l’impact négatif sur l’environnement éolien terrestre et partant, les souhaits de notre association pour que soit satisfaite la règle de protection de l’environnement « éviter, réduire, compenser »
- Le rapport d’ojectifs du projet de SRADDET prévoit une évolution exponentielle de l’éolien industriel sur le territoire de la région : l’industrie éolienne devrait passer de 500 MW installés fin 2017, à 1380 MW en 2023, et 2500 MW en 2030.
Par rapport à des éoliennes de 2,5 MW en moyenne, le développement de l’éolien sur le territoire régional verrait donc s’ériger non plus + 201 éoliennes comme fin 2017, mais + 552 d’ici 2023, et + 1000 d’ici à 2030.
Soit 5 fois plus en 13 ans. Cela représente plus de deux fois et demi les objectifs de la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE) concernant les éoliennes terrestres au niveau national.
N’est-ce pas excessif, voire suspect du fait des pressions des lobbyistes de la filière concernant une production d’électricité aléatoire, dès lors que la région est championne dans sa lutte contre les dérèglements climatiques et l’émission de Gaz à Effets de Serre (GES) en raison de sa production constante d’électricité décarbonée, avec notamment l’hydraulique et le nucléaire, de surcroît pilotables ? Les émissions de GES ne sont-elles pas pourtant inférieures en région AURA à la moyenne nationale ? Ne sont-elles pas en baisse ? N’est-ce pas déraisonnable dès lors que même avec ces prévisions exponentielles la part de l’éolien dans la production totale des Energies Renouvelables (EnR) en 2030 ne serait au plus fort que de 7,3% pour une part bien moindre dans la production totale d’énergie en région ?
N’est pas disproportionné au regard des pollutions paysagères lumineuses diurnes et nocturnes, stroboscopiques, sonores et infrasonores produites toute l’année, jour après jour par les éoliennes géantes, comme au regard de l’atteinte à l’économie touristique de nos territoires ruraux et de moyenne montagne ?
Au train où vont les choses, toutes les crêtes auvergnates seront industrialisées et les paysages depuis chaque plateau 360° à la ronde, banalisées comme depuis le Parc Naturel Régional des Volcans d’Auvergne (PNR) au dessus d’Allanche (80 éoliennes déjà visibles).
La nécessité d’encadrer l’éolien industriel en région AURA apparait donc bien comme impératif.
Hors, la région n’apparaît pas sans donner les moyens même si le SRADDET exprimer dans son fascicule de règles la volonté d’en maîtriser le développement (règle n°30) et ne considère pas l’éolien comme une des EnR à développer prioritairement, ce qui est peu crédible au regard des objectifs avancés.
Toutes régressions de l’environnement est irréversible. Pour l’éviter doivent être respectés :
- Les droits environnementaux protégés par l’article L.511 du code de l’environnement : la commodité du voisinage, la santé, la sécurité, la salubrité publique, l’agriculture, la protection de la nature, de l’environnement et des paysages ; l’utilisation rationnelle de l’énergie, des sites et des monuments ; les éléments du patrimoine archéologique
- Les droits constitutionnels et européens de recours et de participation du public en matière environnementale.
Nous saluons la prise en compte lors de la conférence régionale terrestre du 28 juin 2021 de la DREAL – ENH concernant les points suivants :
- Pour RTE AURA, le Schéma Régional de Raccordement au Réseau Énergies Renouvelables (S3REnR)
- L’analyse de l’impact des parc éoliens sur la biodiversité, une approche multi-facteurs du projet de recherche collaboratif MAPE
- L’étude régionale paysages éoliens
- La biodiversité dans le développement et l’exploitation des parcs éoliens
Cette prise en compte est une avancée certes mais des mesures essentielles apparaissent s’imposer notamment dans un but d’acceptabilité des éoliennes et de cohésion sociale :
- Des préconisations sur le reculement des éoliennes par rapport aux habitations comme par rapport aux éléments patrimoniaux et historiques sur des critères de protection des forêts, des zones de moyenne montagne, du territoire des Parcs Naturels Régionaux (PNR), sur un regroupement des unités de production éoliennes, enfin sur la protection des paysages.
Éloignons les centrales éoliennes des habitations, du patrimoine historique, des forêts, des paysages remarquables, et des PNR.
Un première mesure prise en compte des dommages collatéraux de l’éolien:
- Prise en compte des riverains impactés par les nuisances des éoliennes, mais aussi, des cheptels bovins, ovins, équins vivant à proximité des machines, ainsi seraient mieux préserver la santé et le cadre de vie des habitants et cette préconisation répondrait aux recommandations du rapport ANSES du 31 mars 2019 qui, en raison des incertitudes sur les conséquences scientifiques et sanitaires des infra-sons et basse fréquence sonore, préconise des études épidémiologiques chez les riverains et le renforcement des mesures des émissions sonores et infra-sonores des centrales éoliennes.
Eloignons les machines éoliennes des riverains, du bétail, et faisons les études épidémiologiques préconisées depuis 2019 par L’Agence Nationale de Sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’Environnement et du travail (ANSES)
La loi autorise une telle mesure de reculement puisqu’elle ne définit qu’un minimum. L’enjeu du SRADDET relatif à la santé des populations exposées ne saurait être oublié.
Désormais les promoteurs éoliens disposent sur le marché de nouvelles éoliennes plus puissantes allant jusqu’à 6 MW qu’il est plus rentable d’installer à la place de 2 éoliennes de 3 MW – un seul mât, un seul socle. Le ratio entre prix de revient et production est plus lucratif. Ces éoliennes installées sur le haut des crêtes et dans les planèzes d’altitude auraient une hauteur de plus de 200 mètres en bout de pâle, afin de côtoyer les vents stables qui améliorent leur rentabilité.
Ces aérogénérateurs surdimensionnés ne correspondent à aucune harmonie paysagère, écrasent le paysage auvergnat, lissent les obstacles naturels, les forêts, les reliefs et sont visibles à plus de 40 km, envahissant le territoire et imprimant leurs marques.
L’esprit du lieu naturel de moyenne montagne est digéré par ce débordement industriel qui choquent les habitants des lieux et font fuir les touristes : selon les sondages les habitants des villes sont favorables aux implantations des éoliennes industrielles à la campagne, et fuient ce type de paysage industriel lors de leur vacances, délaissant ce type de paysage saccagé.
Ces machines ne peuvent être installées à 500 mètres des premières habitations au risque d’une chute de pâle pesant plusieurs tonnes, d’un incendie de nacelle pesant une centaine tonnes. Les moyens techniques à mettre en œuvre pour prévenir ces risques sont disproportionnées.
Pour de telles centrales éoliennes il est indispensable de respecter une distance minimale avec toute habitation, riverain, bétail et forêt d’au moins 10 fois la hauteur, soit 2,5 km.
D’autres dommages collatéraux de l’éolien apparaissent à la mise en service avec une mortalité suspecte des bovins, ovins ou équins vivant à proximité. Le cas du GAEC MEGE-DESBOIS à Tortebesse (63) est éloquent : entre 2017 et octobre 2021, 152 bovins sont morts à la mise en service du parc éolien proche.
- Les vaches boivent moins, maigrissent, gonflent et donnent de moins en moins de lait, pauvre en qualité nutritive et impropre à filière fromagère
- Les veaux entre 7 et 9 mois sont ballonnés et meurent avant de pouvoir être vendus,
Le SRADDET ne peut établir d’implantation de centrales éoliennes en zone pastorale au risque de mettre en péril l’équilibre économique de l’agriculture d’élevage et de production fromagère. Il s’agit là des marqueurs mondialement reconnu de la région Auvergne.
Nous déplorons la disparition de l’État régulateur des sources d’approvisionnement en énergie, et nous dénonçons la loi du 23 août 2015 fixant la répartition du marché entre les énergies faiblement émettrices de CO2.
Cette absence de régulation et les subventions estimées par la Cour des Comptes engagés par l’État jusqu’en 2030 nous scandalise. Pire les dérogations invraisemblables au droit commun des codes de l’urbanisme et de l’environnement empêchent les citoyens de défendre leur santé. La disparition de l’enquête publique en cas d’extension de capacité empêchera bientôt les riverains plaignant de s’exprimer.
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